La nuit s’était couchée sur Orneval, et au coin d'un feu, un enfant du Pitons du Tonnerre savourait un diner bien mérité. La journée avait été rude, et les suivantes risquaient de ne pas être plus paisible. Cela faisait 15 jours maintenant qu'il traquait cet esprit furieux, soit deux semaines a entendre hurler a son esprit les cris de ce défunt arbre-gardien, protecteur de Teldrassil. Des Milles Pointes jusqu’à Gangrebois, il avait parcouru une sacrée distance, suivi par Aka, tant bien que mal.
Mais le monde des esprits est bien différent du monde réel, et de tel distance ne sont rien pour un esprit, surtout aussi puissant que celui d'un arbre-gardien. C’était donc un Aka épuisé qui terminait son diner près du feu, avant de gouter une nuit de sommeil qu'il savait déjà agitée, les cris tourmentés de sa proie n’étant pas a la relaxation.
Le tauren repensa vaguement a sa stratégie, pourtant bien rodée, mais qu'il aimait a remettre en question. Les esprits peuvent voyager d'un endroit a un autre dans leur monde, en une seconde, et sans que cela leur demande d'effort. Mais dans le monde réel, cela donne des distances incroyables parcourues en un instant. Le plus souvent, Aka évitait de voyager dans le monde des esprits, comme eux même le font, car cela l’épuisait. Mais après 15 jours passés a suivre les cris de cet arbre-gardien, parcourant par la même Kalimdor du nord au sud, il se demandait quel voie était la plus fatigante.
Ce n’était pas vraiment, au sens où on l'entend, un proie que le tauren chassait, mais plutôt un devoir qu'il accomplissait. En effet, en tant que Marche-Esprit, il se devait d'aider les esprits, de parcourir leur monde, et d'apaiser les conflits et les colères. C’était donc plus a une sorte de poursuite d'un malade a laquelle s'adonner Aka depuis deux semaines. Une fois qu'il aurait réussi a le rattraper il faudrait apaiser l'esprit, le forcer a se calmer, pour qu'il cesse de courir et de perturber les autres entités.
Le tauren s’étira, songeant qu'il ne pourrait pas voyager dans le monde spirituel très longtemps avant d’être a bout de force, et que même si le voyage physique était harassant, cela restait la meilleure stratégie.
Mais, revenant a des préoccupations plus matériels, il se leva pour inspecter un peu les alentours de son camp de fortune. Ne voyant aucun animal sauvage, ni aucune autre menace, il retourna a son feu pour un autre genre d'inspection.
Revenu au camp, il ferma les yeux avant de poser ses paumes l’une contre l'autre. Puis, plongé dans une concentration intense, il écarta ses mains, laissant apparaitre peu a peu un totem. Ni une ni deux, il mit un genou a terre puis posa le totem sur le sol qui s'y enfonça dans un petit halo bleu.
Quand Aka rouvrit les yeux, il se trouvait dans le monde des esprits. Habitué aux problèmes récurrents que l'on rencontre dans ce plan, très différent de celui que nous connaissons tous, il se mit tranquillement a faire le tour de son campement pour vérifier qu'il ne s'y trouvait pas d'esprit agressif. Mais expérimenté qu'il était, il savait qu'il ne fallait pas forcement se fier a ses impressions dans le monde des esprits. Alors, croisant encore les mains, il se concentra pour appeler celle qui veillerait sur son sommeil.
Dans le monde des esprits, les yeux voient parfois de drôle de choses, dont il est seul responsable. En effet, dans ce plan, les yeux ne sont pas requis pour "voir", ni les oreilles pour "entendre", etc. Mais Aka avait pour habitude d'ouvrir les yeux car, se disait il, ne pouvant "fermer" ses oreilles, il était condamné a vivre des choses étranges. Car si l'esprit peut voir sans utiliser les yeux, dans le monde des esprits, il ne peut s’empêcher de vouloir mettre une image visuelle sur ce qu'il "voit".
Bref, ce ne fut que l'imagination d'Aka qui lui fit voir celle qu'il attendait ainsi.
Une chatte arriva nonchalamment, portant ses 4 petits chats sur le dos.
_ Bonsoir, pensa le tauren.
_ Bonsoir Aka, lui répondit l'esprit, tu m'as appelé?
Les pensées, dans le monde des esprits sont autant de mots prononcés. Et toujours dans une volonté de vouloir interpréter ce qu'il "entendait", l'esprit du tauren octroyait une voix suave et grave a la chatte.
_ Oui, j'aimerais que tu veuilles sur moi durant mon sommeil, si tu le veux bien évidemment.
_ Bien sur.... je veillerai sur toi comme sur l'un des mes petits.
Attrapant ses petits dan sa gueule les uns après les autres, elle les déposa par terre tandis que ces derniers commençaient a jouer autour de leur mère. Puis, comme attendant une intervention d'Aka, la chatte s'assit. Le tauren invoqua un nouveau totem en posant ses paumes l’une contre l'autre avant de le planter dans le sol. L'esprit, sans attendre, vint tourner autant, le renifla, puis se frotta autour.
_ Dors bien, lui souhaita t elle, toujours de sa voix suave.
Le tauren, de retour dans le monde matériel, souleva sa main posée au sol dans laquelle se trouvait son totem sortant de terre. Il put constater que se trouvait non loin un autre totem entouré d'une halo vert sur lequel se trouvait une profonde griffure.
Quelques heures plus tard, incapable de dormir a cause des cris de l'arbre gardien, le tauren réfléchissait.
"Il ne serait pas vain de rejoindre un groupe ou un clan. Cela me permettrait au moins de traquer les esprits plus facilement. Bien sur, ils ne comprendraient pas grand chose a me voir déambuler dans tout les sens, mais ils m'aideraient au rabattage de l'esprit. Et puis, au moins, je pourrais dormir plus tranquille, car les totems c'est bien, mais des compagnons fournissent aussi de la chaleur humaine."
Mais quand on se rend aussi souvent dans le monde des esprits, où les pensées sont des paroles, il faut faire attention a ses songes:
_ Ne suis je pas d’agréable compagnie? demanda l'esprit félin, comme introduit dans la tête du tauren.
_ Si, bien sur, mais tu ne t’intéresse pas aux problèmes matériels.
_ Il est vrai. Mais songerais tu pour autant a nous abandonner?
_ Non, loin de la. Mais je voudrais aussi pouvoir discuter avec d'autres êtres que des esprits.
A cela, la chatte ne répondit pas, trop occupé a toiletter un de ses petits qui passaient par la.
Le lendemain matin, tandis que le feu mourrait, Aka écrivait une missive:
Bonjour Maison Portelune, je me présente, je suis Aka Marche Esprit. J'ai entendu parler de vous, et aimerais ardemment rejoindre vos rangs dans l'espoir de vous apporter mon aide autant que vous pourrez m'apporter la votre.
Sujet: Le Marche Esprit. (recruté) 
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Tiens nous au courant donc. )
